Nous connaissons presque tous l’histoire de la princesse Yennenga. Mais qui connait celle de la princesse Pabré ? celle qui qui va jouer un rôle déterminant dans les évènements qui marquèrent le Yatenga. Elle est la fille aînée du souverain de l’époque le Naba Nassibiri, ce qui lui donne alors une fonction particulière à l’ombre du pouvoir. A la mort du Naba, et selon la coutume, afin d’éviter l’anarchie et les querelles entre prétendants, un interrègne commence. Etant fille ainée, elle assumera provisoirement les fonctions du défunt. Elle est donc nommée Napoko, souveraine, ce qui lui vaut d’être celle qui gardera les emblèmes du pouvoir royal. Symboliquement, et pour l’ensemble des Mossis, le Naba reste vivant. La direction du pays se maintient seulement par la présence effective de Pabré sur le trône. Nassibiri, de son premier mariage a deux fils qui peuvent espérer lui succéder. L’un, Koundoumié, le préféré du Naba, est resté auprès de lui durant toute sa jeunesse, l’autre, Yadega, est parti guerroyer dans le sud-ouest du cercle de Ouahigouya à la demande de son père. Yadega est l’aîné et se considère comme le dauphin, d’autant qu’il est de tradition chez les Mossi que le futur héritier du trône ne soit pas présent à la cour de son père durant sa jeunesse, ceci afin d’éviter les conflits et les prétendants trop pressés. A la mort de Nassibiri, Yadega se trouve donc à Yako, dans la chefferie de son oncle le Naba Swida et n’en sera pas informé. Il l’apprendra de façon fortuite et brutale. Il se rendra trop tard pour les funérailles ; et devra par la suite renoncer au naam car n’ayant pas fait acte de candidature. En effet, son frère cadet est celui qui « mangera le naam ». Furieux, il retourna donc à Yako où il en découdra avec le Ouidi Naba. Mais Pabré ayant vu la rage de son frère Yadega, comprendra que le conseil est resté inflexible. Elle rejoindra alors son frère à Yako, pas sans emporter les amulettes royales. La double disparition de Pabré et des fétiches est durement ressentie par Koundoumié et son entourage. Après délibérations et consultations, le nouveau naba décide d’aller reprendre son bien et de quitter sa capitale avec une bonne escorte. Mais Yadega, désormais possesseur symbolique du naam incarné dans les fétiches, n’a aucun mal à trouver des partisans pour repousser son frère et ce dernier est obligé de repartir les mains vides. La scission de l’Oubritenga est consommée : le royaume de Ouagadougou, le plus important, a pour lui la légitimité de la tradition, le royaume du Yatenga, dont le nom signifie Terre de Yadega, possède les fétiches royaux.